Féerie visuelle et musicale pour 6 acrobates, 7 chanteurs et 15 musiciens.
Le Merveilleux et le Burlesque des Ballets de Cour du 17ème, revisité avec poésie et fantaisie…
écriture, mise en scène et conception scénographique Cécile Roussat & Julien Lubek | direction musicale Olivier Schneebeli | réalisation décors Antoine Milian | costumes Sylvie Skinazi | lumières Julien Lubek | maquillages Georgia Neveu | acrobates Simone Benedetti, Pedro Guerra, Liz Braga Guimaraes, Rocco Leflem, Ghislain Ramage / Guillaume Juncar, Caroline Siméon | musiciens Les Symphonistes du Centre de Musique Baroque de Versailles et Jean-Claude Welche | chanteurs Les Pages du CMBV, et Jean-François Novelli
Il a fallu beaucoup d’imagination à Cécile Roussat & Julien Lubek pour rendre la féerie burlesque de ce ballet sans décevoir un public qui en attendait beaucoup. Et du point de vue de la mise en scène, ces artistes qui du Carnaval Baroque avec le Poème Harmonique en passant par Musennâ, nous ont toujours fait rêver, ce spectacle se révèle une jolie réussite. Le tendre onirisme dont ils ont toujours fait preuve est bien présent ici, (…) et par leurs choix esthétiques ils réveillent en nous notre âme d’enfant.
Le décor de jardin dans lequel s’installe la fête est une invitation à la lecture d’un livre magique dans un cadre enchanteur. Dans ce domaine où vivent les fées que nul ne voit plus, un enfant leur permet de reprendre le pouvoir sur l’univers le temps du spectacle.. Les costumes très colorés des acrobates du Shlemil Théâtre réalisés par Sylvie Skinazi participent à la sensation de douceur joyeuse et magique qui fait oublier le monde réel. Ils permettent à des animaux, des farfadets et autres personnages de conte de surgir de l’invisible tout naturellement et de nous donner envie de nous joindre à leurs jeux et à leur folie.
Les acrobates du Shlemil Théâtre accomplissent des numéros d’une rare virtuosité. Des simples jongleurs à des funambules danseurs sur cerceaux ou grands draps blancs, tous par leur élégance nous font participer à une fête réellement … extraordinaire.
L’un des pages du Cmbv réalise tout à la fois un numéro de voltige sur une mappemonde en mouvement tout en chantant : sa sereine virtuosité nous laisse éblouis par le sang froid et la technique dont il fait preuve.
Il est merveilleux de pouvoir ressentir cet étrange et fascinant pouvoir que les œuvres du premier baroque, tel le Ballet des fées des Forêt de Saint-Germain ont sur nous et de s’y abandonner, celui d’abolir le temps et l’espace et de nous permettre de partager un peu de ce passé rêvé. Classiquenews.com
C’est dans la première moitié du XVIIème siècle que le Ballet de Cour trouve son apogée en France. Ce spectacle se voulait un art total rassemblant, dans une recherche d’harmonie universelle, quatre formes majeures : la poésie, la musique, les arts plastiques et la danse. Présentés de façon unique au moment du Carnaval, ces divertissements étaient intimement liés à l’idée de fête et de célébration. Ces représentations étaient conçues comme une succession d’« entrées » indépendantes les unes des autres, tableaux mêlant chacun des personnages dansants, des saltimbanques, des chanteurs, et des effets de machinerie et de scénographie fascinants pour le public de l’époque, au son des multiples instruments présents sur scène. L’aspect politique des premiers ballets s’estompa petit à petit et laissa place, sous le règne de Louis XIII, à un genre burlesque, fantasque et féerique où la fantaisie carnavalesque, la satire et le simple plaisir de l’émerveillement devinrent le propos même du spectacle. La danse, bien au-delà de sa vocation chorégraphique, devenait une « comédie muette », par laquelle l’interprète mimait personnages et sentiments.
C’est dans ce contexte qu’est donné, le 9 février 1625, le Ballet des Fées des Forêts de Saint Germain, dansé par Louis XIII et sa Cour dans le palais du Louvre. Au cours de 5 entrées successives, apparaissent tour à tour la fée de la Musique, des Joueurs, des Fous et Estropiés de la cervelle, des Vaillants Combattants et de la Danse. Elles sont accompagnées de leurs cohortes de créatures imaginaires et oniriques, interprétées, pour les parties dansées, par les seigneurs de la Cour, et pour la dimension acrobatique, par des familles de saltimbanques.
Cette période marque l’apogée d’une forme théâtrale unique dans l’histoire, bientôt supplantée par le cloisonnement progressif des arts, délaissant ce vent de liberté et de symbiose pour une professionnalisation académique valorisant le virtuose.
Le spectacle que nous avons conçu s’inspire de l’univers de ce Ballet, tel qu’il nous est parvenu à travers les planches iconographiques, les récits descriptifs, et les sources musicales. Ces traces, parcellaires, laissent néanmoins une large place à l’imagination et à la création. Nous avons tenté de préserver à la fois l’esprit d’artisanat propre à ces spectacles éphémères, et l’émerveillement suscité par les fantastiques inventions visuelles inédites à l’époque. Les arts du cirque y ont ainsi la part belle, et loin d’un ballet romantique, nous avons recréé une fantaisie riche en surprises et en exploits. Enfin, nous espérons vous faire partager la douce mélancolie que nous inspire ce passé rêvé, oublié, fantasmé… dont nous ne percerons jamais le mystère, et heureusement !
Cécile Roussat et Julien Lubek
coproduction Centre de musique baroque de Versailles (CMBV),
La Cité de la Musique | L’Arsenal (Metz en Scènes)
création le 10 novembre 2012 à l’Opéra Royal de Versailles